Simon Guichandut



Parle-nous un peu de toi! D’où viens-tu, et qu’est-ce qui t’a mené à étudier la physique?

Je suis présentement étudiant au doctorat en physique et je viens de la Rive-Sud de Montréal. J’ai toujours été attiré par la logique et les mathématiques, et aimé travailler sur des problèmes qui ont une solution concrète et tangible. C’est dans mes cours de mécanique et d’électromagnétisme au CÉGEP que j’ai réalisé que la physique était pour moi le mélange parfait entre rigueur logique et application au monde réel. En même temps, j’ai commencé à assister aux conférences organisées par AstroMcGill, qui ont semé en moi une passion pour l’astrophysique et qui m’ont éventuellement mené où je suis présentement.

Qu’est-ce qui te fait aimer la physique?

Pourquoi l’arc-en-ciel est-il courbé, et pourquoi ses couleurs apparaissent-elles dans un certain ordre? Pourquoi la période d’oscillation d’un pendule ne dépend-elle pas de sa masse? J’adore la physique parce qu’elle permet d’expliquer le monde qui nous entoure à partir de principes fondamentaux et de manière quantifiable. Et puis, plusieurs questions demeurent sans réponse, donc il restera toujours quelque chose à apprendre et comprendre!

Dans quelles activités de vulgarisation scientifique es-tu impliqué en ce moment?Et par le passé?

J’ai rejoint AstroMcGill dès mon entrée à la maîtrise à McGill. Je suis depuis deux ans coordonnateur des conférences publiques que nous organisons avec Physics Matters. Je m’implique également dans d’autres activités, telles que nos populaires soirées Astronomy on Tap.

Qu’est-ce qui t’incite à faire de la vulgarisation scientifique?

Je crois qu’en tant que scientifiques, souvent financés par des fonds publics, nous avons une responsabilité envers la population de rendre notre recherche accessible à tous. C’est difficile, car il est plus facile de discuter de science avec nos pairs en utilisant un jargon commun, mais c’est un effort nécessaire.

Y a-t-il des enjeux de société qui t’interpellent particulièrement?

L’anti-intellectualisme semble être de plus en plus omniprésent dans le monde occidental. Du déni des changements climatiques au refus de porter un masque, le manque, voire l’absence, de confiance envers les scientifiques est alarmant. Et c’est certainement en partie la faute de la communauté scientifique elle-même, qui se doit de communiquer plus efficacement et clairement avec le grand public. J’espère pouvoir contribuer à combler ce fossé et régler ce problème.

À quoi ressemble ton quotidien en tant qu’étudiant-e en physique? Quel est ton sujet de recherche?

Ma recherche porte sur les étoiles à neutrons, ces cadavres d’étoiles massives ayant explosé en supernova. Avec une à deux fois la masse du soleil comprimée à la taille de l’île de Montréal, ces objets sont les astres les plus compacts de l’Univers, à l’exception des trous noirs. En les étudiant, on peut en apprendre sur la nature de la matière à des densités inatteignables sur Terre.

Je travaille sur des simulations qui modélisent l’éjection de vents à partir de la surface de ces étoiles. Ces vents sont causés par un surplus de matière accumulée en surface qui s’enflamme soudainement par fusion nucléaire, générant une énorme quantité d’énergie sous forme de rayons X. Mon quotidien est très varié. Parfois, je passe la journée à lire des articles scientifiques ou d’autres formes de documentation. D’autres fois, j’élabore et j’améliore mes codes de simulation, ou je fais de l’analyse de données.Je manque rarement de choses à faire!

Si tu n’étais pas physicien-ne, que ferais-tu?

J’aime la programmation, donc je travaillerais sans doute dans des domaines tels que le génie logiciel, l’analyse de données ou l’intelligence artificielle. Tant qu’il y a un défi ou problème à résoudre, je suis partant!

Qu’aimes-tu faire en dehors de la physique? As-tu d’autres passions, quels sont tes passe-temps?

J’adore les échecs. Je ne suis qu’un amateur, mais je rêve de pouvoir un jour être qualifié de joueur intermédiaire.

Nomme une ou un scientifique que le grand public devrait connaître davantage à ton avis. Pourquoi devrait-on la connaître?

Bien qu’elle soit bien connue des physiciens et des mathématiciens, je crois qu’Emmy Noether n’a pas la reconnaissance qu’elle mérite auprès du public. Elle était une mathématicienne allemande du début du 20e siècle qui a également travaillé sur des problèmes de physique. Non seulement ses contributions aux deux domaines ont été exceptionnelles, elle les a faites en faisant face à énormément de discrimination en raison de son sexe et de son ethnicité. Comme exemple de son travail, c’est elle qui a résolu le problème de conservation d’énergie dans la théorie de la relativité générale d’Einstein. D’ailleurs, vous devriez lire ce que ce dernier avait à dire à propos de Noether dans cette nécrologie: https://mathshistory.st-andrews.ac.uk/Obituaries/Noether_Emmy_Einstein/.

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